Notre randonnée sur le Nakasendo reste un incroyable souvenir de notre voyage au Japon, malgré les défis rencontrés. Nous avions prévu une balade entre les villages de Magome-juku et Tsumago-juku, sur cet ancien chemin de poste emprunté autrefois par les voyageurs, notamment pour aller de Kyoto et Edo (Tokyo). Ce sentier historique traverse des paysages naturels et relie deux villages parfaitement préservés, avec leurs maisons en bois de style japonais traditionnel.

Cette escapade, recommandée par nos amies Marion et Manon, nous tentait beaucoup. Rappelons que nous étions en février, en plein hiver japonais : températures basses et neige abondante allaient marquer notre aventure.
Nous sommes partis bien équipés, avec notre attirail de grand froid utilisé pour notre voyage en Laponie. En arrivant à Magome-juku, point de départ de notre randonnée, nous avons remarqué le peu de visiteurs et leur équipement souvent léger – premier indice que nous avons ignoré.
Dès le début du parcours, la beauté des paysages enneigés nous enchante malgré une légère bruine. Mais rapidement, un panneau « interdit de passer » nous oblige à contourner par la route. Premier doute sur l’accessibilité du sentier. Plus nous avançons, plus nos inquiétudes grandissent.

À mi-parcours, nous affrontons des zones boisées à la neige compactée. Les descentes deviennent particulièrement périlleuses : chemins verglacés, pierres glissantes, passages gelés. Le paysage est magnifique – rivières, ruisseaux et forêts sous la neige – mais certains tronçons sont si impraticables que nous devons nous aventurer dans les sous-bois, transformant notre randonnée en véritable escalade. Initialement, nous avions prévu un aller-retour depuis Magome-juku où nous avions laissé notre voiture. Mais face aux difficultés du terrain et à la tombée prochaine de la nuit, nous avons opté pour un retour en bus depuis – heureusement, quelques liaisons quotidiennes existent.

Nous avons scrupuleusement sonné les cloches disposées le long du parcours pour éloigner les ours. Tim s’est d’ailleurs inquiété de leur présence jusqu’à ce que nous réalisions, une fois la randonnée terminée, que ces prédateurs hibernaient probablement pendant que nous agitions les cloches à tue-tête.

L’un de nous deux a chuté (je tairai son identité), et nos muscles ont été mis à rude épreuve tant nous étions tendus pour garder l’équilibre : « mets les fesses en arrière, je te dis ». Sur toute la journée, nous n’avons croisé que deux autres groupes de deux personnes – nous n’étions que six intrépides à braver le Nakasendo hivernal. Malgré tout, l’expérience reste mémorable : des paysages sublimes et un calme absolu.

Les deux villages méritent amplement le détour. Magome-juku s’étire en pente avec sa rue principale bordée de superbes maisons d’architecture montagnarde parfaitement conservées – un véritable bond dans le temps. Tsumago-juku, plus plat et niché dans une cuvette entourée de montagnes, semblait plus animé avec davantage de boutiques et d’ateliers.
Le point culminant de notre journée ? De délicieuses brochettes de boulettes de riz nappées d’une sauce soja sucrée caramélisée : les gohei mochi et des buns vapeurs locaux : les oyakis, dégustées dans une petite échoppe tenue par un couple local. Nous avons également rapporté deux cuillères en bois artisanales, prise chez un monsieur trop sympa (et probablement en situation de handicap).

Cette journée restera gravée dans nos mémoires : deux villages d’une beauté saisissante et une randonnée éprouvante, mais inoubliable.