Compte rendu projet Red Tinku/Carnaval Tarabuco

Retour sur le projet de volontariat culturel : Red Tinku – Carnival of Tarabuco-Pujllay

1- Les conditions

L’hébergement

Les conditions d’hébergement étaient vraiment déplorables. Mais le plus gros problème reste la surprise que nous avons eu. En effet, nous aurions été informées de la qualité de ces accommodations, notre vision aurait été totalement différente. Certes nous sommes en Bolivie, mais tout de même dans une grande ville, nous ne nous attendions pas à ça.

– La cuisine : Pas d’évier, pas de plan de travail pour cuisinier, pas de frigo, 2 buses de gaz à même le sol et surtout, du bazar partout. Je ne parle pas des conditions d’hygiène….
– La chambre : accessible par un escaliers aux marches très endommagées, sans rambarde, avec un passage sur un toit en taule. Pas de linge de lit, des matelas avec des taches, un espace minuscule pour accueillir 4 personnes, des tags sur les murs, des morceaux de draps pour couvrir grossièrement les fenêtres, pas de prise éléctrique.
– La “salle à manger” : un table basse en fer (qui est en fait un caisson) pour 4 personnes, des bancs encastrés dans le mur au raz du sol, des chaises cassées.
– la “pièce de vie” : tout est a l’air libre donc cet espace aussi, les pieds dans la terre.
– la salle de bain ; difficile de faire plus sale et moins hygiénique. Il n’y a pas de vasque (lavabo), la douche inonde la SDB, le sol est en ciment brut, les toilettes sont noires, la porte se ferme à peine, les fenêtres sont couvertes par des journaux.
– PAS DE CONNEXION WIFI, c’est très dur quand on est à l’étranger, surtout en arrivant dans des contions pareilles, d’autant plus pour quelqu’un comme moi qui voyage depuis déjà un moment et qui a pris certaines habitudes de communication.
– une seule prise éléctrique pour tout le monde, située dans la chambre des garçons
– PAS d’EAU, nous n’utilisions que de l’eau de pluie stockée dans des fûts en plastique
– Un CHANTIER à l’entrée de l’habitation, il fallait passer par des tas de terre, des flaques pour entrer. Tout autour de nous il y avait des tas de pierres, de vieux bois, des sacs de ciments…
– Aucune sécurité ; un seul cadenas à l’entrée qui fermait un barrière en taule, impossible de fermer quoi que se soit d’autre.

Les repas

La nourriture était principalement élaborée par Mathilde, la leader camp, que nous aidions pour préparer les repas. Ils étaient plutôt simples mais toujours préparés avec attention au niveau de l’hygiène et des problèmes de digestion. Par contre, concernant les repas extérieurs, ils nous étaient toujours imposés et étaient systématiquement du premier prix. Nous avons mangé 2 fois dans la rue, ce qui est plutôt déconseillé en Bolivie, pour en plus manger deux fois la même chose. Nous avons fini par être malades..

2- Le programme

Le titre de la mission

Comment est-ce possible de communiquer sur le carnaval de Tarabuco (qu’on nomme à tord « carnaval » d’ailleurs, comme les Boliviens n’ont eu de cesse de nous le rappeler) alors que cela représente UNE SEULE JOURNÉE dans ce programme de 12 jours. Face à ça, j’ai l’impression qu’on essaie de nous vendre du rêve en parlant d’un évènement célèbre inscrit au patrimoine de l’Unesco alors que ce n’est en aucun cas l’objet central du projet. Fais sciemment ou non, je trouve la démarche trompeuse et assez malhonnête.

La fiche de mission

Je déplorais avant d’arriver le MANQUE D’INFORMATIONS, clairement dans ce document on n’apprend pas grand chose sur ce qu’il va se passer. Les informations sont sommaires, cela manque vraiment de détails et j’arrive à penser que c’est fait exprès (pourquoi il n’y a pas de détails sur l’hébergement, sur les repas, sur ce qui va être inclus ou non, sur l’association et les gens qui nous encadrent, sur le programme, sur les lieux que nous allons fréquenter etc.).
J’irais encore plus loin, certaines informations sur cette fiche de mission sont fausses ou tout au moins erronées. Je peux comprendre qu’il y ait des changement de dernière minute, mais PRÉVENIR me parait de rigueur. Par exemple ; il n’a jamais été question de dormir sur place à Sucre ou Tarabuco (pas d’auberge de jeunesse comme noté). « l’espagnol n’est pas nécessaire » il est impossible de faire cette mission sans parler espagnol ; comment est-ce possible de participer à des débats sans comprendre et prendre la parole ? Comment est-il possible de passer toutes nos journées avec des accompagnateurs qui parlent SEULEMENT espagnol ? Il était très difficile de communiquer et de se faire comprendre, cela nous a mis plusieurs fois dans des situations très compliquées. Concernant les activités mises en avant sur le programme, voici ce qui a été respecté : « Visit to places of alternative tourism of Cochabamba » + « Documentation of cultural évents » (—> qui a en fait été de
coller des affiches à sur les murs du campus universitaire…). Voici ce dont il n’a jamais été question dans le programme : « dissemination in the media of the Tarabuco Carnival” + “Eco-construction work in the field” + “support garbage recycling works in tarabuco”.

Voici une copie du programme qui nous a été donné le 2ème jour (pourquoi attendre autant de temps ? N’aurait-il pas été de mise de faire une réunion de début de projet à l’arrivée de tous les volontaires ?). Ce programme n’a évidemment pas été respecté…(en surligné tout ce qui n’a pas été fait)

 La dimension politique

Une des plus grande problématique de cette mission est sa dimension politique. Et encore une fois, c’est surtout le fait de ne pas avoir été prévenu à l’avance qui dérange.
La Red Tinku a certes pour objectif de préserver et défendre le culture bolivienne, mais surtout indigène. Elle a clairement son parti pris. Ce n’est pas une association classique, mais bien un groupe d’activistes politiques qui véhiculent des idées très fortes. Ils crient haut et fort qu’ils sont anti-capitalistes, tendance même au communisme, ce qui est très tranché. Très engagés, ils exposent (voir imposent) leur manière de penser au quotidien et mélangent politique à tous les sujets. Cette atmosphère de militants imprégnés par leurs idées est apparu très dérangeante. Nous nous sommes souvent retrouvées mal à l’aise, gênées par des actions ou paroles. On s’est retrouvé dans un univers de propagande très désagréable.

A titre personnel, je me suis sentie à plusieurs reprises très mal. En effet, je suis en école de commerce, je fais du marketing, ce qui est très diabolisé dans leur manière de voir le monde. Lorsqu’on me demandait ce que j’étudiais, je me suis sentie jugée, voir attaquée, on m’a notamment fait de durs réflexions à ce sujet. J’ai été très peinée par cette atmosphère.

Dernier point, je ne conçois pas de contribuer financièrement (via les frais de participation) à une association à visée politique sans en être informée. Cela me dérange beaucoup de soutenir financièrement un mouvement que je ne connais pas et que je ne partage pas forcément.

3- L’organisation

L’organisation était vraiment déplorable. D’un jour à l’autre, le programme changeait, ce n’est que le matin même que nous étions informés de ce qui allait se passer. De plus, vrai problème de communication, c’est Ramiro qui définissait le programme et le donnait à Mathilde, qui devait le suivre à la lettre. C’était assez compliqué pour elle de gérer un programme qu’elle ne maîtrisait pas créant ainsi une réelle désorganisation en plus des problèmes de communications entre les différentes personnes.
Les premiers jours ont été les plus catastrophiques en terme d’organisation. Le premier jour, le matin, nous n’avions rien à faire à la Tinkuna. Puis nous sommes partis pour rencontrer Juan (un des membre de l’association) qui n’était pas chez lui pour finalement faire le tour du quartier (qui n’a aucune valeur ajoutée) sous la pluie. L’après-midi nous devions aller dans un marché mais ils se sont trompés de marché, nous sommes donc retournés dans le même le surlendemain. Le lendemain nous devions aller voir les animations sur la place principale en l’honneur de la journée de la femme, arrivé là-bas, il n’y avait que 4-5 stands d’écoles et d’associations, pas l’animation qu’ils avaient prévu. L’après-midi, alors que nous avions spécifié ne pas vouloir participer, nous sommes allés à la marche (manifestation) pour les droits des femmes – on s’est alors senties comme forcées de participer. Après cela, 3h de latence où il n’y avait rien a faire, où on ne pouvait pas aller profiter du wifi tout ça pour attendre le moment du débat… Le lendemain, après être allé coller une 20aine d’affiches à l’université, rien d’autre n’est au programme, encore un moment de vide…

Il y a beaucoup de petites choses qui accumulés pesaient sur l’ambiance et le moral comme :
– Le fait de devoir se faire à manger seul au dernier moment car personne n’était disponible pour être avec nous le dimanche midi
– Les personnes qui logeaient à la Tinkuna via le Couchsurfing participait au même programme que nous mais n’étant pas dans le moule du projet, ils parasitaient beaucoup l’organisation de celui-ci.
– Ramiro nous avait promis un minimum de 30min chaque jour à la oficina pour se connecter au Wifi, sur 8 jours, nous y sommes allés 3 fois…
– L’accueil laissait à désirer, nous avons rencontré Ramiro à peine quelques minutes chacune. Nous n’avons pas eu de présentation du projet, ni des gens qui allaient nous accompagner, ni du programme, ni de comment s’organisaient les choses. Rien. C’est un peu perturbant d’être autant dans le flou.

Ce qu’il faut retenir de ces problèmes d’organisations :
– Un manque de communication au sein de l’équipe des encadrants
– Un manque de communication envers les volontaires
– L’organisateur du projet était trop absent (on ne voyait Ramiro que le soir, vers 19h)
– Les personnes qui nous accompagnaient n’était pas en mesure de nous présenter les lieux, l’histoire, les cultures comme l’aurait fait Ramiro (C’est ce qu’ils nous ont confiés, c’était aussi très pesant et gênant pour eux de ne pas avoir l’expérience et les connaissances nécessaires pour nous guider et animer les activités). En effet, auparavant c’était Ramiro qui se chargeait de ces sorties/projets, mais on a cru comprendre qu’il avait trouvé un travail entre temps et que comme les dates étaient déjà fixées et réservées, ils ont arrangés l’organisation pour nous accueillir.

4- L’aspect financier

L’incompréhension du montant des frais de participation.

– Nous avions un regard sur tout ce qui était dépensé par jour car les transactions se faisaient globalement sous nos yeux. En faisant de rapides calculs, on a commencé à vraiment se demander pourquoi les frais de participation étaient aussi élevés.
Voici un détail du calcul en ce qui concerne les dépenses de l’intégralité du projet (évalué à la hausse) :
– Comida : entre 10 y 20 B por dia sea 15×12 = 180 B
– Transporte : entre 4 y 8 por dia sea 12×6=72 B
– Actividades : entre 5 y 10 bolivianos sea 8×12 = 96 B
– Alojamiento : 20×11 = 220 B
– Accompagnamiento : 66×12/3= 270 bolivianos
– Sucre / Tarabuco : 100 B (transporte)
Soit un total de 938 Bolivianos soit environ 110€ (sans compter les frais de participation pour la Red Tinku).
Si les répartitions avaient été faites à 1/3 pour hébergement + activités, 1/3 pour transport et alimentation et 1/3 pour l’association, nous arrivons à un total d’environ 1 407 B soit environ 165€. Ce qui est tout de même exagéré vis à vis des 240€.

L’injustice vis à vis des autres

En effet, il y a plusieurs personnes qui on participé au programme au même titre que nous mais en venant par le biais du couchsurfing. Ces personnes étaient donc logées et nourries quasi gratuitement au sein de la Tinkuna. Ils ont participé à hauteur de 18-13 bolivianos par jour quand nous, nous étions à 170B/jour (Ils payaient leurs activités et trajets eux-mêmes).

Olivia est également partie plus tôt et a pu donner ce qu’elle voulait à Ramiro ; elle a versé la somme de 700 B pour 6 jours (117B/jour). Alors qu’avec Chloé, nous avons donné 1200 B pour 8 jours (150B/jour).

Je ne trouve pas cela normal de fonctionner ainsi, chacun doit contribuer à part égale.

D’autre part, nous avons du payer nous-mêmes beaucoup de choses qui étaient censés être inclues. Comme le papier toilette, les éponges pour faire la vaisselle, des bouteilles d’eau (le stock d’eau potable étaient mal géré et nous en avons manqué à plusieurs reprises), les transports (bus pour aller aux activités ou taxi pour venir nous chercher), certaines activités comme la visite du Christ qui était dans le programme… J’ai même dépensé 70B de giga internet pour pouvoir communiquer un peu lorsque nous étions à la Tinkuna et que nous n’avions pas eu internet de la journée.

J’ai l’impression d’avoir été dupée, que l’on nous prends pour des idiots, que l’on profite des « riches » européens. Entre les conditions de vie, le programme et l’organisation, rien ne vaut le prix qui avait été fixé. Je suis encore plus contrarié quand je vois que chacun paie ce qu’il veut. J’ai du économiser et travailler pour participer à ces volontariats, cela représente un partie importante de mon budget. Cette situation financière m’a profondément affectée et continue de peser aujourd’hui.

5- La fin de la mission

La fin du projet a été un désastre.
Nous étions dans le bus pour aller visiter le musée Antropologique lorsque Mathilde nous informe que la sortie est annulée. On va jusqu’à la oficina pour qu’elle nous explique ce qu’il se passe, pour finalement nous dire que le projet vient de se terminer, qu’on doit partir. Annoncé comme ça, c’est un peu un choc. C’est Ramiro qui l’a appelé pour lui dire de tout arrêter suite au mail reçu par le SVI. On nous traite alors d’hypocrites et on nous demande de partir maximum le matin suivant. C’est assez soudain, on est chamboulées. On essaie de s’expliquer avec Mathilde, avec qui nous avions crée du lien, ce n’est pas facile.
La discussion le soir même avec Ramiro pour s’expliquer s’avère très difficile. En plus de la difficulté de s’exprimer en espagnol, il ne nous laisse pas parler, le débat est clos, la conversation est impossible, il est énervé, touché. L’explication est un fiasco, personne ne se comprend, ça finit en larmes.

Nous quittons donc le projet le jeudi 15, 5 jours avant la fin et nous ne participerons pas au carnaval de Tarabuco, ce pourquoi nous avions choisi cette mission…

Nous ressentons une immense deception. Pour moi, cette mission est un échec, très difficile à encaisser.

6- Responsabilité du SVI

Je profite de ce compte-rendu et après avoir pris du recul pour engager la responsabilité du SVI (association belge par laquelle je suis passée pour faire ce projet).
Je ne comprends pas qu’ils aient acceptés de répertorier une mission avec des frais de participation aussi élevés pour une mission en Bolivie.
Je ne comprends pas qu’ils n’aient pas eu plus d’informations au sujet de la mission.
N’étaient-ils pas au courant des conditions d’hébergements ? N’avaient-ils pas vérifié le programme ? Cette mission s’apparente-elle vraiment à du volontariat (et pas plutôt à une agence de tourisme alternatif ?) Savaient-ils que c’était une organisation politique ?
Je ne comprends pas qu’ils nous aient apportés si peu d’informations ou qu’ils en aient demandés si peu.

Je suis passée par le SVI pour avoir une sécurité. J’aurais pu tout aussi bien contacter n’importe quelle association sur internet, mais j’ai choisi de passer par eux car cela me rassurait. Je pensais qu’ils avaient des contacts sur place ou qu’ils venaient valider les missions avant de les proposer, qu’ils garantissaient un minimum le sérieux et l’accueil d’européen.

Je suis très déçue, je ne vous le cache pas. J’ai l’impression que faire appel à eux ne m’a rien garantie. Que cela n’a servi à rien, je n’étais pas plus en sécurité. Je suis perplexe vis à vis de ma prochaine mission, j’ai même un peu peur à vrai dire.

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