Mission de volontariat : 8 jours à la Tinkuna / Cochabamba

Vous trouverez ici mon journal de bord, jour par jour de ma semaine à Cochabamba au sein de l’organisation « Red Tinku » dans le cadre de ma mission de volontariat. Entre haut et bas, positif et négatif, découvertes et déceptions, chaque jour a eu sont lot d’émotions.

Jour 1

Après avoir été réveillée par ma compatriote qui venait tout droit de France à 4h du matin, Chloé, le réveil est difficile. Il ne fait pas très chaud à Cochabamba, je n’ai qu’un drap et ici le linge de lit n’est pas fourni. Je m’habille donc comme pour partir en montagne, ça sera finalement mon pyjama pour ces 10 prochains jours. Le déjeuner est sommaire, café pain confiture et on doit aider à faire un peu de nettoyage à la Tinkuna (nom du lieu où nous logeons). On tourne un peu en rond, on nous donne des taches bizarres à faire, on ne sait pas trop ce qu’on fait, ce qu’on va faire. C’est le bordel. La dernière volontaire finit par arriver, une petite belge, Olivia.

Enfin, on part faire un tour pour découvrir le quartier ; il pleut, on a du mal à comprendre et se faire comprendre par nos accompagnateurs. C’est un peu la cata. Le seul moment sympa de la matinée c’est finalement d’aller faire quelques courses au marché avec Mathilde (la leader camp, c’est elle qui nous gère durant la journée, avec qui on passe le plus de temps et qui accessoirement cuisine pour nous). Premier repas, on mange typique, c’est chouette. Mathilde nous a préparé une soupe garnie, qui est un peu le plat de base en Bolivie. Dans un bouillon de viande type bœuf à pot au feu, ils font cuire différents légumes qui restent croquants à cela s’ajoute des pâtes. En accompagnement, on a du maïs un peu spécial, mais très bon pour apporter de la consistance au repas.

L’après-midi, on a droit à une petite heure de repos, puis on part en centre ville accompagnés de deux « guides » pour connaître le marché populaire. C’est un peu l’équivalent du supermarché de la ville (car c’est pas très commun ici) où l’on trouve tout ce dont on a besoin. C’est un grand hall rempli de mini stands avec des dizaines de vendeurs. C’est très sympa, on peut poser pleins de questions, c’est une belle découverte. On goûte aussi une des boisons traditionnelles du petit déjeuner ; un jus de quinoa et pomme, très épais. Première découverte du centre ville et petite balade, on passe un bon moment.

Deuxième moment pénible de la journée, l’arrivée sur la place principale. On nous dit qu’on va aller profiter un peu du wifi finalement non. On se retrouve donc sur la place, en cercle pour un moment de bienvenue par l’association Red Tinku. C’est la qu’on comprend toute la dimension politique de la chose. On nous présente des sujets qui nous mettent assez mal à l’aise, dans lesquels c’est difficile de se retrouver. Bref, on commence un peu à flipper. Il fait froid, il est difficile de se concentrer pour comprendre ce qu’ils disent, ça devient limite supportable. On finit enfin par prendre le chemin du retour, Ramiro, celui qui gère notre mission et aussi la personne avec qui nous vivons à la Tinkuna, cours devant et nous attend à peine. La prise en charge laisse vraiment à désirer. On mange un rapide dîner que Mathilde nous a laissé, des légumes avec des œufs qui se révèle très bon et on va finalement se coucher dans notre poulailler.

Jour 2

Après une nuit très fraîche, un super petit déjeuner nous attend. Riz au lait (beaucoup plus liquide que celui qu’on connaît et chaud), salade de fruit accompagnée de yaourt et de quinoa, pain… On se remplit bien le ventre. On se dirige ensuite vers le centre ville pour voir ce qui se passe à l’occasion de la journée de la femme. Sur la place principale, il ne se passe pas grand chose, des femmes font des discours sur une petite scène, il y a quelques stands mais rien de bien fou. On ne comprend pas trop ce qu’on fait là et les gens qui nous accompagnent non plus. Ils ne savent pas quoi nous faire faire, problème d’organisation, il ne se passe rien. (Le soir, ils ont fini par s’excuser et nous dire qu’il y avait eu un changement dans le programme mais que le leader camp n’en avait pas été informé) On rentre donc penaud à la Tinkuna pour déjeuner. Mathilde nous a préparé une soupe garnie de légumes, viande de bœuf et riz, ainsi qu’une salade de crudités. L’après-midi, c’est atelier écriture, on doit préparer des affiches pour la manifestation pour les droits des femmes. Après avoir préparé ces grandes pancartes roses (🙄), on part donc pour y participer. Oui, j’ai donc participé à la première manifestation de ma vie en Bolivie.(Petite animation de la journée ; en passant dans un parc, un SDF fait une sorte de crise d’épilepsie, Mathilde et Ildo courent l’aider. On reste un bon quart d’heure à regarder ce pauvre homme à l’agonie par terre. Very Nice).

Après ça, nouveau moment de latence, rien n’est prévu jusqu’à 19h (il est 17h). De mon côté, je pars aider Mathilde à faire des photocopies, ça me permet de découvrir un peu plus la ville (qui n’est pas des plus jolies, elle a en effet été construite très vite et la plupart des bâtiments sont très précaires pour ne pas dire moche). Elle me parle un peu d’elle, on passe prendre un petit goûter et saluer sa sœur, c’est sympa d’être un peu plus dans la vie des boliviens. Surtout de Boliviens qui vivent simplement, qui font partie de la classe populaire. A 19h, c’est l’heure du débat sur la place principale, disons plutôt tribune ouverte pour parler de la condition de la femme dans le monde. Nouvelle surprise, on doit parler de ce qu’il se passe dans notre pays, en espagnol devant une 20aine d’inconnus. Super. Finalement ce n’est pas un massacre, on prend part à la discussion qui est tout de même un sujet très intéressant et sur lequel il y a beaucoup de choses à dire. On apprécie vraiment l’ambiance qu’il y a sur cette place, c’est un lieu de libre expression où des groupes se retrouvent tous les soirs pour parler politique et débattre. Je n’avais encore jamais vu de lieu comme ça et c’est très agréable de voir des gens aussi impliqués et participatifs. Après un nouveau moment de battement où on se retrouve tout seul, sous la pluie sans savoir quoi faire, on finit par rentrer à la Tinkuna pour dîner.

Jour 3

Réveil en fanfare, car nous sommes en retard sur le programme, tant respecté depuis le début. Avec une petite surprise supplémentaire, pas d’eau chaude et pas de débit. On a donc l’opportunité de faire une toilette de chat à se pelant les fesses. Le petit déjeuner est encore différent, on mange du riz au lait à la pomme et à la banane. Avec du pain et du café. On doit se dépêcher de partir pour aller mettre des affiches à l’université pour la fête qui a lieu le soir-même à la Tinkuna. C’est l’occasion de découvrir le campus de l’université de Cochabamba. C’est à ce moment qu’arrive la petite animation de la journée, Ildo, israélien qui fait partie du groupe, caresse un chien qui traîne dans l’université. Et il se fait mordre, évidemment… Obligé de courir à l’hôpital, demander les papiers du chien, etc. Histoire bien idiote.


Après être allé prendre un jus de fruit frais, fait quelques magasins, on passe enfin au bureau pour avoir un peu de wifi. Youhou.
Aujourd’hui, on mange en ville, on se dirige vers ce qu’ils appellent le mercado, c’est un grand hall / cantine avec des tables et des kiosques où ils cuisinent directement sur place (vraiment l’endroit où je n’aurais jamais mangé de moi-même). Mathilde nous commande des plats typiques à partager, d’abord une soupe garnie puis des plats de viande accompagnés de légumes et riz. (Dont j’ai déjà oublié le nom).

 

 

On va ensuite au marché pour faire les courses pour la fête de ce soir. Chacun doit préparer une spécialité de son pays. On s’est carrément casser la tête car entre le peu de produits similaires à ceux de chez nous et la cuisine pour le moins rudimentaire, peu de choix s’offraient à nous. On s’est finalement rabattu sur la ratatouille, simple et efficace.

Après avoir terminé les courses, on rentre à la Tinkuna pour décorer et préparer les lieux (attention, grosse grosse décoration ; les affiches de la manif, des tables en plein milieu, des draps tendus, un feu de bois). Puis on se met en cuisine.
Arrive l’heure de la cérémonie d’offrande à la « patcha mama » ; qu’on peut interpréter comme mère nature. Durant ce rituel, on met au feu une offrande réalisée à partir de plusieurs éléments qui représente la vie et la nature. Par exemple ; les cailloux pour les montagnes, l’œuf pour les animaux, les plantes pour la végétation, la terre, tout en ajoutant un peu de couleurs avec des tissus et confitures ainsi que des talissements de sel prévus à cet effet. Après quelques discours, des remerciements, vient le rituel de la « chicha », boisson traditionnelle des indiens (Quechua), qui est globalement à base de mais, de malt et de sucre fermenté. On donne ainsi à boire à la terre, 4 fois pour les 4 points d’équilibre et les points cardinaux, qu’on offre en partant du Sud. Cette action est répétée par chaque participant qui boit la coupelle après avoir salué la patcha mama, la remplie à nouveau et l’offre au prochain. On finit la cérémonie par un câlin collectif. Cette cérémonie tient ses origines des indigènes qui au lieu de demander des faveurs aux dieux par des prières, remercient la terre pour ce qu’elle leur a déjà donné. Il se fait généralement chaque début de mois, pour bien terminer et bien commencer un cycle.
Suite à la cérémonie, place à la gastronomie. On partage nos plats et poursuivons la soirée en musique grâce à nos deux musiciens.

Jour 4

Après une bonne douche chaude (ouiiiiiiii 🤗🤗🤗), on goûte au « api » un mélange de maïs, de jus de raisin et d’autres trucs très riches. On part ensuite au marché de la Cancha, le plus populaire de la ville, bondé le samedi.

Après quelques courses, on se dirige vers la laguna de Cochabamba qui offre une belle vue sur les quartiers Sud. (Petite animation de la journée, oui, pour l’instant, c’est une par jour ; on voit un chien se faire percuter par une voiture et potentiellement mourir).

Après le déjeuner à la Tinkuna, on repart vite en direction d’un quartier retiré de la ville pour aller à Chernobyl. C’est un lieu de fête où ils servent à manger et produisent la fameuse « Chicha » tout en offrant un spectacle de musique en live. Toutes les chansons sont traditionnelles de Bolivie, on a la possibilité de voir les boliviens danser et les accompagner (j’ai un peu appris à danser comme une bolivienne). A la fin du show, on va manger des grillades (barbecue sur le trottoir), boire une petite bière dans un endroit où il y a aussi un groupe qui joue et on rentre se coucher car on se lève tôt le lendemain.

 

Jour 5

Réveil tôt ce matin, suffisamment pour sentir encore la fraîcheur de la nuit alors qu’ils prévoient une journée très ensoleillée. On part prendre le petit déjeuner au marché ; on goûte d’Api blanc, bien meilleur que celui qu’il y avait à la Tinkuna ainsi que de gros beignets ressemblant à des bugnes (avec un nom similaire d’ailleurs) et un pastel au fromage. Ce matin nous sommes avec Juan qui nous emmène au sommet du Christ de Cochabamba. C’est à pieds qu’on affronte les 400 mètres de dénivelés qui nous séparent de lui. Après 45 minutes d’escaliers interminables en plein soleil, on découvre une belle réplique de celui de Rio. Ce Christ bolivien commandé par l’église catholique il y a une quarantaine d’année mesure 44 cm de plus que le Christ redemptor de Rio de Janeiro. C’est une belle (et fatigante) ascension qui nous offre un magnifique panorama de la ville. On peut même monter dans le Christ pour voir d’encore plus haut.

Aujourd’hui personne n’est là pour gérer la cuisine, on se fait donc à manger tout seul, comme des grands. On découvre de belles surprises dans la cuisine qui nous dégoûtent toujours plus. On se rend compte à quel point c’est important d’avoir un frigo et des rangements hermétique (DES TUPPERWARES).

On termine la journée par retourner à Chernobyl, avec d’autres membres de l’association pour aller danser et discuter. C’est une très bon moment d’échange et de musique. En rentrant, on s’arrête manger au bord de la route, dans un petit stand qui sert le silpancho, une viande de bœuf panée servies avec un œufs et des pommes de terre frites, avec du riz, des tomates et des oignons. Une délice qui nous aura toutefois rendu bien malade.

 

Jour 6

Après une nuit compliquée suite aux problèmes de digestion causés par le dîner de la veille, on se dirige vers le campo. Aujourd’hui, c’est chouette, on sort de la ville. On va dans un petit village de paysans sur les hauteurs proches de Cochabamba ; Quillacollo. Petites routes pavés, végétation à foison et magnifiques paysages nous attendent. On est invité au centre culturel de Juan, une Quinta mignonne et très bien entretenue en face des montagnes. Juan nous présente ses sculptures (son métier) et ses instruments (sa passion) – ainsi qu’un vieux buggy avec un système son de dingue.

Ensuite, dans ce même village, on se rend à la sortie de l’école pour proposer une activité aux enfants du village. Il nous apprennent un jeu, on leur apprend un jeu. On rigole bien, les enfants sont très accessibles, ils ont l’air contents et nous le sommes aussi. C’est la première vraie activité qui a un peu de sens. Après une balade et pleins d’explications, on mange et rentrons à la Tinkuna. C’est le départ d’Olivia et Mirek alors que Chloé est encore très malade. C’est donc toute seule que je passe ma soirée, au programme un ciné-débat sur crimes et châtiments (un vrai bonheur 😒).

Jour 7

Aujourd’hui, nous sommes allés dans une autre province près de Cochabamba, dans une ville nommée Pinata. Après 1h30 de bus à admirer les paysages montagneux et agricoles, on arrive enfin à destination, ce qui n’a pas été des plus simple à cause de nombreux retards et manifestations. La ville concentre un grand marché, c’est l’endroit de référence pour venir faire ses courses. Tous les habitants et agriculteurs des environs viennent ici pour se ravitailler. On découvre encore de nouveaux fruits et légumes, on en apprend toujours plus sur le maïs qui est l’aliment le plus utilisée ici (voir sacré).

On déguste une soupe de Mani (cacahuètes, qui n’en a pas vraiment le goût mais surtout la richesse). Et c’est ainsi que les heures passent alors que nous marchons entre les étales. Chloé est toujours assez malade, ce qui complique la sortie. Nous finissions par rentrer, beaucoup plus rapidement que pour l’aller. C’est l’occasion de passer un peu de temps « entre filles » avec Mathilde le soir.

 

Jour 8

Le jour où tout a basculé. Selon le programme donné à l’avance, on devait se rendre dans une station thermale avec des bains chauds et naturels. Finalement, on est allés placarder (à nouveau) des affiches à l’université pour la fête du vendredi et faire le marché (à nouveau aussi). Après avoir mis une bonne heure à cuisiner dans cette installation des plus précaire, on ressort pour aller rejoindre le guide qui doit nous accompagner au Musée. Sur le chemin du musée archéologique (plus grand et important musée de Cochabamba), Mathilde qui nous accompagne reçoit un appel. Elle finit par nous dire que la sortie est annulée. C’est là que ça se gâte… Ça annonce même la fin de l’aventure.
Ce coup de téléphone met un terme au projet. Au bout du fil, Ramiro est fou de rage suite à un mail reçu par le SVI (l’association qui est en charge de notre projet). On ne connaît toujours pas l’exact contenu du message, mais il a suffit à déclencher la guerre. On nous traite d’hypocrites et nous demande de partir puisque « tout va mal ici ».
De notre côté, c’est la douche froide alors que le projet était déjà difficile à gérer. On essaie de s’expliquer comme on peut, mais ça ne change pas grand chose. L’explication avec Ramiro est le summum de l’incompréhension ; tant au niveau linguistique qu’idéologique. La conversation ne mène à rien, il est impossible de s’exprimer, l’ambiance est des plus tendue. C’est donc sur cette note négative que l’on va se coucher.

Le lendemain matin, le départ est amer. On parvient quand même à retrouver un peu de joie aux côtés de Mathilde, qui aura été la parfaite « mama » de la mission.

Pour le jour 9, on a la chance de découvrir Cochabamba sous un autre œil. Mais je vous en parle dans un prochain article 😉

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