Visite à ne pas manquer si vous voulez mieux comprendre l’histoire du pays, notamment celle des khmers rouges et sortir de votre zone de confort touristique. Tuol Sleng et les Killing Fields vous remettent dans le terrible contexte de l’époque et vous obligent à faire face à une triste réalité ; celle d’un peuple qui s’est entretué à cause de la peur.
Loin d’une visite ennuyeuse où l’on vous relate académiquement des faits, celle-ci vous plonge dans les événements d’une manière si réaliste qu’elle prend aux tripes. A travers des lieux laissés tels quels, des témoignages audio, des photos, des objets, on se met à la place des ces pauvres gens qui ont souffert d’un régime totalitaire. (Pour en savoir plus sur les khmers rouges ; lisez ce résumé en 10 faits historiques)
Notre première visite morbide s’effectuera à la prison S-21 ; ce centre de torture qui n’a pas été le seul mais est resté le plus emblématique. Dans cet ancien lycée, tout opposant ou menace au régime était torturé pour obtenir des aveux et informations (finalement bien souvent inventés pour abréger ses propres souffrances). Les pires sévices physiques et psychologiques ont été commis dans cette prison par des jeunes âgés de 10 à 25 ans, endoctrinés par l’Angkar (khmers rouges). Parmi les 20 000 personnes qui sont passés dans ce « centre de purge », peu ont survécu. Des familles entières se sont retrouvées enfermées et persécutées pour des raisons peu justifiées, les intellectuels par exemple étaient parmi les plus visés.
Dans ces lieux, le silence est de mise et les visages fermés. La plupart des visiteurs écoutent attentivement l’audio-guide qui dépeint un tableau d’horreur. Les cellules sont prenantes, restées intactes, ces minuscules espaces présentent encore les chaines des prisonniers, leurs bidons d’excréments et pour certains des tâches de sang.
Une fois martyrisés, les détenus étaient pour la plupart envoyés aux Killing Fields qui sera la 2ème étape de ces découvertes poignantes.
Situé à la sortie de Phnom Penh, ce « camp de la mort » était au même titre que pour S-21, loin d’être le seul du pays. Pas moins de 9 000 personnes ont été exécutées à Choeung Ek et jetées dans des fosses communes. Pour économiser, les bourreaux n’utilisaient pas d’armes à feu mais plutôt des outils du quotidien ; pelles, crosses, couteaux, tout ce qui passait sous la mains (une collection des ces instruments est exposée). Le camp était tenu secret, les massacres avaient lieu la nuit, les chants du parti couvraient les cris des victimes, seul problème ; les odeurs des centaines de corps en décomposition.
La visite se fait aussi en audio guide ; où l’on suit un chemin autour des charniers, des postes de commande, des lieux de recueillement, terminant par le solennel mémorial où ont été exposé des centaines d’ossements de victimes. Au long de ce circuit, le « killing tree » est particulièrement bouleversant, sur cet arbre, les tortionnaires fracassaient les crânes des enfants-bébés, il est aujourd’hui recouvert de bracelet de couleurs en hommage.
Ces découvertes fortes en émotion sont pourtant indispensables. Ces évènements ont longtemps été dissimulés, inavoués, minorés. Aujourd’hui le Cambodge et les cambodgiens pansent leurs blessures alors qu’aucune famille n’a été épargné. Certains voudraient tout détruire et oublier alors que d’autres luttent pour une plus grande reconnaissance.
PS : Lors de la visite de la prison S-21, on a croisé pleins d’animaux qui mettent du baume à notre petit coeur et notamment une famille de poules et des chats !
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