Une semaine hors du temps dans un paysage de neige immaculée, de nuits plus longues que le jour, rythmée par des activités arctiques, des découvertes nordiques spectaculaires et des « once in a lifetime » expériences en Laponie.
Le fabuleux voyage de Pogy et sa Doudoune au-dessus du cercle polaire.
Après 2 ans d’attente, on a enfin pu concrétiser ce voyage en Laponie. Cette aventure, c’est avant tout le rêve de Tim, qui s’est précisé pour ces 30 ans, même s’il en a presque 32 aujourd’hui. C’était supposé être (en partie) son cadeau d’anniversaire et un bon moyen de marquer le coup pour cette dizaine. La pandémie étant passée par là, nous voilà donc en décembre 2021 en partance pour le nord du nord.
1/L’ambiance : le froid, la neige, l’obscurité et autres curiosités
Le froid
Le premier choc, c’est surtout les températures. On passe d’un 18° à Barcelone à un – 10 ° en sortant de l’aéroport de Rovaniemi. D’ailleurs Rovaniemi, c’est la ville où se trouve le village du père- Noël. Elle se situe à la frontière du cercle polaire, en Laponie. Il fait donc très froid, toutefois, on a eu pas mal de chance car le plus bas que l’on ait eu a été de – 19°C. Alors qu’ils sont plutôt habitués à avoir des températures vers -25 ° – 30 ° à cette période. Pour s’équiper, on a décidé d’investir dans quelques pièces essentielles qui peuvent toujours servir d’autant plus quand on part de zéro. Un grand merci au Père-noël qui a bien contribué à cela. Et on a fait appel à des âmes charitables pour nous prêter des affaires.
La neige
A cette époque, il neige beaucoup donc le paysage est parfaitement conforme à ce qu’on attend ; de l’épaisse neige scintillante. Un détail cool dont on n’a pas arrêté de parler (oh secours nos sujets de conversation) c’est qu’ils n’utilisent pas de sel. Sur les trottoirs on marche sur de la vraie grosse neige. Les routes en sont plus finement recouvertes mais ça n’empêche personne de conduire. Ainsi même en ville, on s’extasie devant ce paysage enneigé. Bien-sûr quand on s’enfonce dans la nature et dans les bois, c’est encore plus beau. La végétation apparente est majoritairement constitué de hauts sapins majestueux qui souffrent tout de même du poids de leur manteau blanc.
L’obscurité
Un autre point sacrément perturbant qui dépayse bien c’est la longueur des journées. A cette période de l’année, les pôles vivent leurs jours les plus courts. Pendant qu’on y était, le soleil se levait vers 10h30 et se couchait aux alentours de 13h30. Le matin ce n’est pas si bizarre de commencer sa journée dans l’obscurité mais c’est surtout perturbant l’après-midi. On a l’impression que la journée est presque fini alors qu’il en reste la moitié.
Autres curiosités
En parlant de froid, je fais une apporté sur sur le froid des finnois. La réputation de la culture nordique n’a pas été volée, les gens ne sont pas très chaleureux. Parfois, ils en deviennent même gênants par leur manque de social skills. Les guides étrangers (espagnols) qu’on a eu nous ont bien confirmé cela. Par contre ils sont ultra polis, respectueux, sympa ; compréhensifs et essaient toujours d’arranger. C’est très agréable ! En plus, on n’a pas l’impression de se faire prendre pour des dindons.
Gros coup de cœur pour les maisons en bois finlandaises, d’autant plus avec les décorations de noël. Comme nous étions en ville, on a plutôt eu la chance d’en voir lorqu’on prenait la route. Je reste super curieuse de comment sont faites ces maisons et de comment elles sont à l’intérieur. Je connais juste une anecdote, les maisons (pas de ville) doivent obligatoirement avoir 2 systèmes de chauffage disponibles différents : par exemple électricité et feu. Pour qu’en cas de panne notamment de courant qui sont fréquentes, les gens puissent se réchauffer et cuisiner.
2/ Les activités laponnes
On ne va clairement pas en Laponie pour flâner dans les rues comme on pourrait le faire à Paris ou Barcelone. Tout d’abord parce qu’il fait tellement froid qu’il est compliqué pour des non- locaux de rester beaucoup de temps dehors, mais aussi car les options sont limitées. Alors, qu’a-t-on fait comme activités en Laponie ?
Chien de traineau
Il est vrai que maintenant on peut faire du chien de traineau un peu partout, cependant, le faire en arctique, ça n’a pas la même saveur. Raitaola Husky Farm a vraiment été une de mes expériences préférées. La promenade a commencé alors qu’il faisait encore sombre, à la lueur de petites lanternes, ce qui déjà offre un très beau cadre. L’excursion a duré 1h, ce qui laisse le temps de profiter et de pouvoir conduire le traineau chacun son tour. Le conducteur (qui est debout derrière) a une grosse responsabilité car il gère le frein et dieu sait qu’il faut beaucoup l’utiliser. Il aide aussi à pousser dans les montées.
Les chiens sont impressionnants, d’abord pour leur sérieux, pour leur force physique mais aussi car ils ont l’air vraiment heureux de partir en balade. Et ils sont aussi super mignons, ce sont tous des huskies, même s’ils ne ressemblent pas tous à l’image qu’on s’en fait. En réalité les huskies blancs -gris aux yeux bleus sont les « Alaskan huskies » qui ne sont pas très bons comme chiens de traineaux, meilleurs pour les séances photos.
Ferme de rennes & traineau
La deuxième activité que j’ai beaucoup aimé, qui était aussi la dernière, a été la visite de la ferme SieriPoro avec balade en traineau tiré par un renne. À la manière du Père- Noël sauf qu’il n’y en avait qu’un seul pour tirer. À vrai dire, ils ont la force de trainer jusqu’à 300-400 kilos.
On est allés dans une ferme dans les alentours de Rovaniemi où ils ont environ 400 rennes dont seulement une 30aines qui sont de » professional drivers » donc habilités à tirer un traineau. Apparemment leur formation est assez tumultueuse car ils restent des animaux « sauvages », cela prend approximativement 5 ans pour qu’ils deviennent pro. Les autres rennes sont utilisés pour la viande mais aussi pour le plaisir car avoir des rennes en pension devient un hobby grandissant. Un truc que j’ai trouvé assez fou aussi, c’est qu’au printemps/été, tous les rennes sont remis en liberté, ils passent uniquement l’hiver à la ferme, le moment où il est plus compliqué de se nourrir. La plupart reviennent d’eux-mêmes à la ferme ; ils savent qu’il y a de la nourriture facile.
Retour sur notre expérience, on a pu faire une jolie balade d’une heure dans la nature, en passant notamment par des bois, c’était génial. Pas possible de diriger le traineau cette fois, c’est trop technique donc les rennes doivent se suivre en file indienne. C’était à la tombée de la nuit donc on a aussi eu de belles couleurs dans le ciel pour pimenter la beauté du lieu. Par contre, pas de câlins aux rennes, même pas le droit de les toucher. Sauf pour Manu, le renne mascotte de la ferme qui se comporte apparemment comme un gros chien.
Ice Fishing (Pêche nordique)
On n’est pas du tout amateurs de pêche en temps normal mais l’idée d’aller pêcher dans un lac gelé a éveillé notre curiosité. Ça fait aussi partie des choses, à savoir si on se retrouve perdu dans la nature en arctique (peu probable, c’est vrai). Comment on fait pour pêcher dans un lac gelé ?
- On commence par enlever l’épaisse couche de neige pour accéder à la couche de glace
- Une fois la glace atteinte, on prend une tarière à glace (un gros tire-bouchon avec des larmes coupantes) pour faire un petit trou dans la glace sans la briser. Ce n’est pas si facile, vidéo à l’appui de mon exploit
- Ensuite avec une sorte d’épuisette-écumoire on enlève la glace et la neige du trou d’eau qu’on vient de faire.
- Vient alors la mini canne à pêche, pas besoin d’une grande, avec laquelle on va aller attirer les poissons presque tout au fond du lac.
- Là c’est la partie la plus relou : l’attente. Il faut régulièrement enlever le gel qui se reforme à la surface du trou. On ne reste pas plus de 20 min au même endroit car les poissons ne nagent pas beaucoup à cause du froid donc si ça ne mord pas, il faut changer d’endroit pour trouver un nid à poisson. Nous, on a testé deux endroits, sans succès. À vrai dire, personne dans notre groupe n’a attrapé de poisson.
Qu’est-ce qu’on fait du coup ? On fait un feu, oui un feu sur la glace, ça m’a un peu surprise mais ça tient. Et bien sûr, ils ont fait cuire des saucisses, parce qu’ils adorent vraiment les saucisses ici. C’était super pour se réchauffer puisque au beau milieu du lac, le vent soufflait sacrément fort et froid. Heureusement qu’il y avait des peaux de rennes pour protéger nos petites fesses.
Visite d’une réserve naturelle
On a des sentiments partagés sur cette excursion au Ranua park. On était parti pour une « vraie » réserve naturelle, qui s’est avérée être plutôt un zoo. Voir des animaux en cage, ce n’est pas trop notre truc, mais après 1h de route, on n’avait plus trop le choix. Les enclos étaient tout de même grands et les animaux avaient l’air bien traités. Cela nous a permis de découvrir les animaux de l’arctique et aussi de voir de relativement près de très belles bêtes. Au final, on a bien apprécié le moment.
Ce que je retiens particulièrement, c’est d’abord les chouettes et hiboux qu’on n’a pas l’habitude de voir et qui sont de très beaux oiseaux – alors que je ne suis pas trop fan des oiseaux en général. C’était très cool aussi de voir des élans, peu communs quand même. Mention spéciale aux renards blancs qui jouaient ensemble, c’étaient les plus jolis du zoo. Et à la loutre qui n’a fait beaucoup rire avec sa démarche (si vous n’avez jamais vu une loutre se déplacer, allez vite voir sur Youtube). Très dommage cependant, on n’a pas vu les ours polaires (ni les ours normaux qui étaient en pleine session d’hibernation), ni les lynx, assez caractéristiques du coin.
3/ Les expériences d’une vie en Laponie
Les aurores boréales
Voir des aurores boréales, c’est un moment assez magique, ce qui lui donne encore plus de valeur je crois, c’est que l’on en verra peut-être qu’une seule fois dans sa vie. En réalité, à l’œil nu, ça ne ressemble pas exactement aux photos. À travers nos écrans, on arrive à mieux compartimenter la lumière et créer plus de contrastes. Nous, on a quand même eu la chance d’en voir de suffisamment grosses pour qu’elles soient visibles et appréciables à nos yeux. (Les photos sont donc plus belles que la réalité, pour une fois)
Quel est le phénomène des aurores polaires ? Des particules énergétiques (électrons et protons) sont expulsées à une grande vitesse dans le système solaire. La grande majorité sont déviées de l’atmosphère par le champ magnétique terrestre, toutefois, une partie parvient à passer par les points faibles aux pôles (raison pour laquelle on ne peut en voir qu’au pôle nord et sud). C’est de leur interaction avec les différents atomes et molécules de l’atmosphère qui génèrent des couleurs. Du vert au rouge pour l’oxygène, plus rare ; du rose au violet, du bleu pour l’azote.
Pour revenir sur notre expérience, on peut dire qu’elle a mal commencée. Notre première sortie de chasse aux aurores boréales s’est conclue par un échec. Ce soir-là, il a neigé. On ne voyait donc rien dans le ciel, pas une étoile. Toutefois, c’était quand même une bonne soirée. Vous avez déjà mangé des saucisses au feu sous la neige par -10 vous ?
Le moment était chouette car on est tombé sur un guide super sympa (espagnol) et un couple de chinois, tous parlaient français et l’ambiance était agréable. On a fait un feu de bois traditionnel dans une sorte de demi tente-cabane en bois. Tim a coupé ses premières bûches à la hache, on a mangé nos premières saucisses finnoises au feu de bois, le classique jus de baies chaud accompagné des biscuits secs à la cannelle. On a marché sur un immense lac gelé, avec un grand vide à perte de vue et on s’est amusé à faire des photos en longue exposition.
La bonne nouvelle du séjour, c’est que la 1ère excursion de chasse aux aurores boréales que l’on avait réservé plus d’un mois et demi à l’avance tombait sur un jour où ils annonçaient du soleil. Qui dit soleil dit ciel dégagé. C’était notre seule activité de la journée, ce jour-là on devait changer de logement – ce qui équivaut à squatter au Mac Do pendant quelques heures avec les valises. On comptait vraiment sur notre activité du soir. Petit bémol dans l’histoire, l’agence qui devait venir nous chercher a du retard, tellement de retard qu’on commence à se dire qu’ils nous avaient oubliés. Après plusieurs coups de fil, beaucoup de trépignement et énervement, ils ont fini par venir nous récupérer avec 1h30 de retard – ça ne commençait pas très bien.
De la voiture, ils nous ont jeté dans un traineau tiré par une motoneige. On était un peu dans le stress. Après quelques minutes, on a senti que ça s’agitait du côté des conducteurs. On s’est arrêté au milieu de rien, pas du tout où on devait aller initialement. Les guides ont crié de regarder à gauche car il y avait des aurores boréales naissantes. Le spectacle commençait !
On appréciait avec les yeux, mais surtout, on essayait de faire de belles photos car on savait que c’était encore plus impressionnant. On se gèlait, moi je n’arrivais à prendre aucune photo correcte. Tim se concentrait, c’était un peu la panique les premières minutes. On a eu la chance que les aurores durent assez longtemps, pour de déstresser et de kiffer le moment, presque tous seuls puisque tous étaient partis à l’autre bout se réchauffer autour du feu. Cette nuit-là, on a laissé de côté les saucisses pour les célèbres » Northen lights ».
On réalisait petit à petit qu’on avait beaucoup de chance de commencer l’année en voyant des aurores boréales le 1er janvier. Le ciel a fini par s’éteindre, même s’il était bien illuminé d’étoiles. On est ensuite reparti pour un petit tour de moto-traineau, assez frigorifié, mais on a apprécié une nouvelle balade dans les bois lapons, cette fois dans la nuit noire.
Le village du père- noël
Autoproclamé le repère du père-noël, à juste titre car tout est là, la neige, le froid, les rennes, la tranquillité. Dans la vraie vie, c’est surtout un endroit commercial. Ils ont cependant bien travaillé l’ambiance, l’architecture. Les maisons sont mignonnes, et toutes en bois, il y a de grands sapins, des décorations partout et de jolies lumières. Il y a beaucoup de magasins et hôtels, il y a aussi ; une ferme de rennes, la poste officielle du père- noël (d’où on a évidemment envoyé des cartes). Bien sûr, le bureau du père-noël, dans lequel on a eu l’honneur d’aller et prendre une photo avec lui.
On a aussi rendu visite à la mère-noël dans son joli cottage, elle nous a parlé de sportifs français qu’on ne connaissait pas, c’était sympa. On avait un spectacle de prévu qui a été annulé à cause du covid, mais on a quand même pu faire notre atelier avec les lutins et fabriquer une déco de noël souvenir en bois, perles et corne de rennes.
Fun fact, sur la grande place du village du père-noël, il y a une caméra qui diffuse les images en direct sur un site. On pouvait donc nous y voir en live (coucou poupette). À noter également que le village est de l’autre côté de la frontière arctique, théoriquement donc bien situé dans le cercle polaire.
Notes de fin
Alors que la Laponie n’était pas forcément la première destination dans ma bucket liste, j’ai adoré ce voyage. J’ai la sensation que c’est le genre de destination dont on se souvient toute sa vie, qui a un petit quelque chose de particulier.
Ça laisse aussi une belle trace dans le porte-monnaie, car c’est tout de même un voyage très cher. Tout coûte un bras, en tout cas un peu trop à mon goût. Comme trajet de taxi de 10min pour 30€. On s’est pas mal restreints, on n’a par exemple jamais mangé au restaurant par contre grosse Consommation de noodles déshydratées. On est resté dans des Airbnb somme toute assez simples, appartements classiques, le premier était un studio étudiant vraiment petit. Par contre, dans le 2ᵉ il y avait un sauna dont on a pu profiter, c’est assez commun là-bas d’en avoir. On s’est quand même offert le luxe de goûter de la viande de renne sous différentes formes : en lamelles fumées, en pâté, en viande séchée. C’est plutôt bon, un peu plus fort que du bœuf.
Ce séjour était aussi un gros contraste pour moi dans la manière de voyager. Le froid, le fait qu’il n’y ait rien de spécial à voir, les journées étaient déterminées à l’avance et rythmées uniquement par des activités. Habituellement, je suis plutôt du genre à me balader le nez en l’air et de faire autant de découvertes que possible. Cette fois, une fois l’activité terminée, il ne restait plus qu’à rentrer à l’appartement au chaud et regarder des films de noël. (et faire la sieste). Ou d’aller au musée, mais c’était vraiment pour s’occuper. On a visité le musée d’art contemporain Korundi et l’Artikum, musée sur l’antarctique qui nous a appris pas mal de choses scientifiques, historiques et anthropologiques pas uniquement sur la Laponie, je recommande.
Passage éclair à Helsinki
Après la Laponie, notre séjour se conclut par une escale plus au sud, dans la capitale de la Finlande, entre deux avions. On n’a clairement pas été emballé par la ville qui est mignonne mais rien d’exceptionnel. On se dit qu’en quelques heures, on a vu le principal. Il y a de belles architectures et la ville a une ambiance sympa avec la neige et les décos de noël. Il y a beaucoup de musées, qu’on n’a pas visité, qui la rende peut-être plus intéressante. Le Burger King était toutefois bon-hahaha.
C’était un voyage exceptionnel, encore plus à cette période pour la magie de noël. Un grand merci à tous ceux qui ont contribué à ce voyage et on permit qu’il se réalise. Un souvenir pour la vie ❤