Potosi – La richesse perdue

Hé ho, hé ho, on rentre du boulot… 🎶🎶 Si vous n’avez jamais entendu parler de Potosi de nos jours, c’est normal mais vous en auriez certainement entendu parler au XVème siècle.

La montée aussi rapide que la descente

Grâce à son Cerro Rico, Potosi assura l’enrichissement de la couronne espagnole. Les mines produisaient à leur apogée (vers 1560-80) 240 tonnes d’argent par an.

La ville regorge ainsi de bâtiments coloniaux opulents mais qui ont perdus de leur fraîcheur. En effet, son déclin apparaît à partir des années 1820 et ne cesse jusqu’à aujourd’hui.

Une localisation compliquée

Potosi est l’une des villes les plus hautes de Bolivie si ce n’est du monde, elle est située à 4 090m d’altitude. Encore plus compliqué pour respirer qu’à La Paz (—> La Paz, impossible de rester indifférent ). Il faut donc traverser de grandes montagnes, pleines de virages (cool dans le bus) pour la rejoindre. Au niveau ensoleillement, ce n’est pas l’idéal, la grisaille s’empare très souvent de Potosi.

Le contraste cite coloniale / quartiers ouvriers

Le centre ville animé de Potosi bien que largement délabré présente de beaux monuments, de belles façades colorées voir même des « chefs-d’œuvres baroque ». Passé l’anneau central, la ville s’étend en Ghetto urbain. Les quartiers ouvriers, très pauvres, représente la majorité de la ville.

La ville abrite un des monuments les plus importants de la Bolivie, voir même de l’Amérique du Sud : la casa de la moneda. Les fans de la casa de papel auront compris, pour les autres, c’est donc la maison de la monnaie. Cette institution qui n’est plus qu’un musée aujourd’hui a frappé la monnaie sud-américaine et espagnole durant plusieurs siècles. (Btw, la monnaie bolivienne est aujourd’hui produite en France 🇫🇷😏). C’était le point de départ de tous les trésors coloniaux.

Le « riche mont » qui fait vivre Potosi

Comme évoqué ci-dessus, la montagne du Cerro Rico a constitué la principale source de richesse de la région de Potosi. Les gisements d’argent ont été découverts par les indigènes qui ne l’ont pas exploité à cause d’une prophétie et pour ne pas contrarier les dieux. Les espagnols eux, on été moins regardant, dès qu’ils entendirent parler de cette « mine d’argent », ils commencèrent les fouilles et l’exploitèrent à son maximum.

Aujourd’hui, la mine est toujours en activité, mais on est bien loin de la production passée. Les ressources s’épuisent et l’argent a laissé sa place aux cuivre et zinc qui rapportent plus sur le marché mondial. L’exploitation du Cerro Rico est gérée par différentes coopératives qui reversent une taxe à l’état. Les mineurs travaillent de manière indépendante, ils ne sont pas salariés ; ils n’ont donc pas d’obligations de présence, d’horaires, d’objectifs… Ils font toutefois partie d’une coopérative à qui ils reversent une partie de leur gain. Chaque groupe de mineur (souvent 3) à son propre périmètre et ne peut travailler à l’endroit où il veut, c’est une des choses qui est gérée par la coopérative.

Être mineur, c’est toujours aussi dangereux. Les conditions de travail dans les mines sont comme vous l’imaginez assez terribles (plaignez-vous alors que vous êtes tranquillement avachis sur votre chaise de bureau en sirotant votre café). Elles n’ont pas vraiment évolués au fil du temps ce qui en est assez déconcertant. En plus des risques d’accidents liés à l’exploitation de la mine comme des effondrements, éboulements, explosions, les mineurs sont confrontés à beaucoup de risques pour leur santé. En effet, c’est un travail très physique qui est épuisant, il faut être assez jeune pour pouvoir le faire. Les accidents sont aussi fréquents avec des dommages corporels irréversibles. Et la problématique qui parait la plus inoffensive mais qui est aussi la plus vicieuse est celle de la poussière. Exposé de manière excessive à la poussière omniprésente ; les mineurs ont beaucoup de problèmes respiratoires. C’est aussi une contrainte pour l’alimentation ; les mineurs ne peuvent pas manger à l’intérieur de la mine. Ils passent donc 7-8h, parfois plus, sans manger. Pour garder de l’énergie, ils chiquent tous de la coca et boivent beaucoup. La coca les aident à garder une activité soutenue, à avoir une bonne oxygénation et à pallier la faim.
Ces conditions paraissent assez insupportables, alors pourquoi continuent-ils ainsi ? Same as ever : 💵💵💵. Travailler à la mine rapporte beaucoup, les mineurs arrivent à gagner le double voir le triple du salaire MOYEN bolivien ( 1280 Bolivianos soit 155€ x3 = soit presque 500€).

Pourquoi je sais tout ça ?
Non, je ne l’ai pas lu dans mon fidèle guide du routard cette fois-ci je suis allée sur le terrain. Avec Incontournable, on a fait une expédition à l’intérieur de la mine. Expérience périlleuse pour ne pas dire un peu dangereuse et finalement assez physique même sans traîner des cailloux. On a eu la chance de visiter une mine sans touristes (à part nous), dans une coopérative dédiée au travail qui organise des visites pour soutenir les mineurs. Là, je peux vous dire qu’on s’est vraiment mis à leur place !

Déjà, après s’être mis en tenue, on était bien dans l’ambiance.

L’entrée dans la mine s’est faite avec un peu d’appréhension, on partait pour de la spéléologie en mode roots. Première impression, il fait chaud et c’est pas facile de respirer, ça promet ! A quelques mètres de l’entrée ; on rentre vite dans le vive du sujet en assistant à l’explosion d’une première série de dynamites. Éclairés de nos frontales, on s’enfonce dans la montagne et on en prend plein les poumons. Sur le chemin, on rencontre 3 groupes de mineurs qui nous expliquent leur travail. En échange, on leur offre des cadeaux ; de l’eau, du soda et des bâtons de dynamite qu’on a acheté avant de venir (oui oui 😅 Par cher 2€ le bâton). Un des mineurs m’a particulièrement marqué, il travaillait seul (ce qui est assez dangereux). Il était là depuis le matin 10h et prévoyait de rester jusqu’à tard le soir pour pouvoir profiter de son week-end ensuite. Son emplacement était en contrebas, à l’étage du dessus ; il devait donc porter les sacs de pierres sur le dos et escalader à moitié pour les remonter… on est d’ailleurs vraiment passé par des endroits escarpés ; ne vous imaginez pas un petit chemin tranquille dans la montagne, non. Mais ça, je suis sure que vous le verrez dans la vidéo (coming soon) 😉.

C’était physique, mais tellement intéressant ; une belle expérience à vivre. Et on est sorti vivant, ce qui, en soit, est déjà assez cool.

Potosi, c’etait sympa mais on a tous envie de vite passer à la dernière destination bolivienne : Where is it going to be ???? 🤔

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